Hackathon contre le COVID 19

6 avril 2020

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Le COVID 19 est apparu en Tunisie, avec un premier cas signalé le 13 janvier,  le nombre de cas importés puis locaux n’a cessé d’augmenter au fil du temps obligeant les autorités à décréter un confinement général et strict de la population à la mi-mars pour limiter la propagation du virus.

La mise à l’arrêt de l’appareil productif et de pans entiers de l’économie aggrave la situation d’un pays à l’économie en berne avec un chômage endémique de ses jeunes diplômés et des disparités régionales socio-économiques persistantes.

Le climat anxiogène lié au COVID 19 et la paralysie du pays ont exacerbé les craintes des Tunisiens sur leur avenir, mais paradoxalement cette crise est aussi source d’espoirs et de nouvelles d’opportunités jusque-là insoupçonnées.

  

Les jeunes tunisiens à l’avant-garde de la lutte contre le COVID-19

Face à une administration prise au dépourvu et des autorités bousculées par la crise, ce sont les jeunes de la société civile qui se sont organisés d’eux même et de manière spontanée pour répondre aux défis que pose cette pandémie.

Des centaines d’initiatives ont été lancées par les jeunes tunisiens, acteurs du changement depuis la révolution de 2011, pour venir en aide aux personnes vulnérables, produire des masques et des équipements de protection ou fabriquer localement des appareils de respiration artificielle importés jusque-là de l’étranger. Des initiatives individuelles ou collectives en appui des structures de l’État dépassées par l’ampleur de la crise mais soutenues par la population.

Un mouvement sans précédent qui fait redécouvrir aux Tunisiens, leur principale richesse, une jeunesse dynamique au formidable potentiel d’adaptation et d’innovation. Une jeunesse ayant le sentiment d’être marginalisée du débat et des décisions publiques dont ils sont souvent absents. Des jeunes dont le potentiel est souvent perçu comme étant bridé par une administration et un système rétif au changement. Cette crise a démontré comme toutes celles ayant précédé que les solutions et l’avenir de la Tunisie ne passeront qu’à travers une jeunesse en quête de reconnaissance et d’un rôle à jouer.

Un hackathon pour fédérer le potentiel d’innovation

Ernest and young (EY) Tunisie en association avec l’’Accelerator Lab du PNUD et d’autres composantes de la société civile tunisienne s’est inscrit pleinement dans ce mouvement spontané en lançant le Hack4covid-19. Un hackathon totalement en ligne sur deux jours qui réunit 324 jeunes, 16 équipes, 30 experts et mentors pour relever le challenge de contrer le covid-19. Comment ? En programmant des applications innovantes, digitales et gratuites et pouvant répondre à un réel besoin de la population.

Ce sont 16 équipes qui ont uni leurs efforts et leurs compétences pour relever quatre défis jugés prioritaires dans le domaine de l’entraide, de la santé, de l’éducation et de l’économie de crise.  Chaque équipe disposant de développeurs, de programmeurs et de spécialistes dans leurs domaines respectifs, la moyenne d’âge des participants variant de 18 à 35 ans.

 

Des applications innovantes aux retombées immédiates

Au terme de 48h intensives, de webinaires, de rencontres virtuelles, un panel de 10 membres du jury a départagé les applications soumises pour ne retenir que 3 finalistes et cinq projets au total.  Ces projets bénéficieront d’un accompagnement technique et financier du PNUD et des autres partenaires associés à l’événement.

La première équipe gagnante a présenté une application dans le domaine des télécommunications « True address » consistant en la mise en place d’une recherche inversée d’adresses GPS ou de numéros de téléphone par association de trois mots clés faciles à retenir. Cette solution peut avoir des utilisations multiples en période de confinement en permettant la géolocalisation précise du destinataire pour une livraison ou le partage de coordonnées en cas d’urgence sanitaire. Cette application sera adossée aux services de livraison à domicile et d’entraide en offrant une solution concrète à la problématique de mémorisation des coordonnées GPS ou des numéros de téléphone complexes.  

La deuxième application consiste dans le déploiement d’une solution numérisée de livraisons d’achats géolocalisés et une distribution de dons organisée par quartier ou zone géographique. Cette solution pratique avec une dimension sociale et solidaire, elle permet de regrouper les demandes de livraisons ou d’aide par quartier et de faciliter la mobilisation des personnes volontaires et des ressources par quartiers. Cette application est destinée aux personnes vulnérables ou âgées qui peuvent bénéficier de l’entraide de leurs voisins plus jeunes. L’application a également pour objectif de favoriser la distribution de dons ou d’aides dans certaines régions en favorisant les synergies entre associations impliquées sur cette zone.

La troisième solution gagnante est une solution d’aide à la prise de décision exploitant l’intelligence artificielle pour le diagnostic des radiographies destinées au dépistage du COVID19. Cette application de santé vise à faciliter le travail des équipes médicales et paramédicales dans le dépistage et le diagnostic précoce des personnes infectées par le COVID-19. L’application scanne les radiographies avant de les soumettre à une intelligence artificielle qui détecte instantanément les symptômes liés coronavirus. Certains centres de santé en Tunisie ne possèdent pas de laboratoires ni de capacités pour effectuer des tests et des analyses poussés. Ce type d’application associé à une radiographie pourrait être une solution palliative et adaptée à certaines localités pour un diagnostic préliminaire des cas suspects de COVID19.

L’apport du PNUD Tunisie

 

 L’Accelerator Lab du PNUD en Tunisie fournira un appui aux trois équipes gagnantes pour le développement de leurs solutions technologiques à travers son expertise, et la mise à disposition de ses ressources et réseaux en vue d’une consolidation et d’une meilleure diffusion de ces solutions innovantes dans le pays et à l'international. Un accompagnement technique et en partie financier est prévu en plus d’un support dans les domaines de la communication, du lobbying et du networking.--- Article text goes here ---